Qu’est-ce que la slow life, l’art de ralentir ?

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Quand on pense à la slow life ou slow living qui sont interchangeables, on a tout de suite en tête des images de style de vie vintage, de jardinage, de retour à une époque où la technologie n’existait pas, de vie en pleine nature, ou d’avoir un élevage de moutons dans la Creuse. Il suffit de taper slow life dans la barre de recherche de YouTube ou Pinterest pour le constater. Ça donne l’impression que si nous n’avons pas ce style de vie alors ce mouvement n’est pas fait pour nous.

Bien sûr que j’aimerais avoir ma petite maison dans la prairie, m’occuper d’un potager et faire de longues balades en pleine nature mais c’est loin d’être le cas. Mais est-ce que cela veut dire que je ne peux pas l’adopter ? Non.

Même en vivant dans une grande ville, nous pouvons parfaitement adopter ce mode de vie qui est une philosophie.

La slow life ou l’art de ne rien faire

Nous vivons dans une société qui est incroyablement occupée. Le rythme de nos vies est souvent effréné, notre esprit est constamment occupé et nous sommes perpétuellement en mouvement.

À quand remonte la dernière fois où vous avez pris dix minutes pour ne rien faire ? Et quand je ne dis « ne rien faire », il faut le prendre au sens propre. Donc pas assis le téléphone à la main en scrollant de manière passive sur le net. Ni avec un livre à la main. Pas non plus en train d’écouter un livre audio. Ou de binger une série Netflix. Je ne parle pas non plus de contemplation de vos souvenirs ou planification de votre avenir. Juste ne rien faire. Tout simplement.

La meilleure manière de développer un sens de l’attention et d’apprécier ce que nous avons, est de mettre notre cerveau sur pause. En restant immobile quelques minutes par jour, nous finissons par découvrir ce qui nous touche le plus, ce qui a le plus de valeur pour nous et ce qui nous rend heureux.se. Et c’est là que la slow life rentre en jeu.

Notre cerveau est la ressource la plus précieuse à travers laquelle nous vivons chaque instant de notre vie. Nous comptons sur lui pour être heureux.se, atteindre nos objectifs, avoir une stabilité émotionnelle et développer notre bienveillance envers nous-même et les autres. C’est aussi de notre cerveau que nous dépendons pour rester concentré·e et motivé·e. Mais paradoxalement, nous ne prenons pas le temps d’en prendre soin. Nous préférons courir pour nous occuper de tout ce qui est extérieur à nous : nos biens matériels, notre apparence physique, notre statut social et l’opinion des autres.

Le résultat est que nous développons du stress, des habitudes toxiques et une impression désagréable de passer à côté de notre vie.

La slow life consiste à ralentir consciemment le rythme de nos vies. Le mouvement a commencé dans la seconde partie des années 80 avec la nourriture. En 1986, Carlo Petrini a protesté contre l'ouverture d'un McDonald's en plein cœur de la Rome historique. Cela a déclenché le mouvement slow food en Italie qui s'est concentré sur l'agriculture durable, la production artisanale et l'utilisation de produits locaux de saison.

D’ailleurs, le mot SLOW qui veut dire « lent » en anglais a été utilisé comme acronyme :

S = Sustainable – Durable, n’ayant pas d’impact sur l’environnement ;

L = Local – Qui encourage la production des produits locaux, artisanaux ;
O = Organic – Biologique (pas de production à grande échelle, mais plutôt celle qui utilise des méthodes agricoles plus naturelles);
W = Whole – Entiers, produits non traités.

Cependant, le slow living ne s’arrêtait pas uniquement à la nourriture elle-même. Il préconise également de prendre son temps pour dîner et de renforcer les liens avec sa famille et ses amis. Au cours des décennies suivantes, le mouvement a pris de l'ampleur : des livres ont été écris, le minimalisme a ensuite été mis en lumière par des bloggers comme Leo Babauta ou le documentaire « The Minimalists : Less Is Now ». Ce mode de vie est devenu populaire et de plus en plus de personnes ont commencé à s’y intéresser car elles en voyaient les avantages.

Mais avant de parler des avantages qu’il y a à adopter ce style de vie, rendons à César ce qui lui appartient.

Le stoïcisme et les anciennes cultures parlent de la slow life.

Bien avant la mise en lumière par toutes les personnes citées plus haut de ce mode vie, les philosophes stoïques parlaient de la slow life. Le Sabbat dans la religion juive est consacré à cette idée de repos, qui oblige les fidèles à ralentir.

Alors bien sûr, à l’époque où les stoïciens ont écrit leurs préceptes, ils n’avaient pas à traiter trois cents mails par jour, ne travaillaient pas en entreprise avec des deadlines à respecter pour des projets, n’avaient pas de smartphones ni de réseaux sociaux.

Mais ce que le stoïcisme nous apprend sur la slow life est d’adopter une approche plus lente de la manière dont nous vivons notre vie. Aujourd’hui, nous travaillons moins d’heures qu’il y a cinquante ans mais nous avons l’impression de travailler plus. Nous disposons de plein d’outils et d’applications pour gagner du temps mais nous avons ce sentiment d’en avoir moins. Notre obsession pour la rapidité et la productivité est allée trop loin. Je ne dis pas que c’est mauvaise chose. Bien au contraire, je suis la première à râler quand ma connexion internet rame.

3 avantages de la slow life

1 / Une meilleure santé

En ralentissant, nous développons une meilleure santé car nous réduisons notre niveau de stress.

2/ Une meilleure productivité au travail

Ralentir permet d’obtenir de meilleures performances au travail même si cela semble contre-intuitif. En effet, notre cerveau a deux modes de pensée : la pensée rapide et la pensée lente. Lorsque nous les traitons de manière égale ces deux modes se renforcent mutuellement conduisant ainsi à des idées plus créatives et à de meilleurs résultats.

3/ Une meilleure connexion avec les autres

Prendre du temps permet de mieux se connaître et de se ressourcer. Par conséquent, au lieu d’imposer notre fatigue, notre irritabilité ou notre distraction à notre entourage, nous leur offrons notre présence pleinement consciente et la meilleure version de nous-même.

À présent des conseils pratiques et simples afin d’adopter la slow life.

5 Conseils pour ralentir son rythme de vie.

1/ Prendre 10 minutes par jour à ne rien faire.

Prendre le temps de ne rien faire est important pour la santé de notre cerveau, notre bien-être et pour découvrir ce qui nous est essentiel.

2/ Être impitoyable avec les choses qui ne sont pas importantes pour soi.

L'une des choses les plus difficiles à faire dans la vie est de dire "non". Non aux invitations, aux diverses demandes, aux obligations, aux tendances du moment.

Apprendre à dire non, nous permet de gagner du temps. Alors en effet, ce n’est pas facile à faire et vous allez certainement rencontrer énormément de résistances internes et externes. Plus vous allez dire non aux choses qui n'ont pas d'importance pour vous, plus vous pourrez dire oui à ce qui a de la valeur à vos yeux.

3/ Aller faire un tour.

« Nous devrions faire des promenades errantes en plein air, afin que l'esprit puisse être nourri et rafraîchi par l'air frais et des respirations profondes ». Sénèque

Bien que les philosophes de l’époque n’eussent pas toutes les distractions que nous avons aujourd’hui, Rome était une ville très bruyante. Entre le bruit des wagons, des crieurs du marché, les marteaux des forgerons etc…, il était difficile pour les philosophes de réfléchir paisiblement. Alors, ils partaient marcher afin de clarifier leurs esprits.

Et vous devriez en faire de même. Quand vous êtes stressé·e, allez faire un tour ! Quand vous avez une décision difficile à prendre, allez vous promener ! Quand vous devez passer un appel ou avoir une discussion difficile, sortez prendre l’air !

Prenez l’habitude de marcher tous les jours : s’aérer l’esprit est un des meilleurs moyens de ralentir.

4/ Consacrer la première heure de la journée pour vous.

Ceci veut dire ne pas allumer son téléphone dès lors que vous ouvrez les yeux ni écouter les infos. La première heure de la journée devrait être celle où vous êtes en mode « égoïste » donc tourné·e vers vous-même. Tout le reste de votre journée sera consacrée aux autres donc prenez ce temps juste pour vous. Cela voudra certainement dire pour certains d’entre vous des ajustements mais si vous désirez vivre la slow life, il vous faudra passer par là.

5/ Passer du temps seul·e

En trouvant le temps dans votre journée pour vous isoler, il vous sera plus facile de trouver et d'écouter votre propre voix. Vous pouvez utiliser ce temps pour réfléchir, lire, méditer, écrire etc... Mais le plus important est que vous le fassiez. Passer du temps avec vous-même. Reconnaissez et acceptez toutes vos facettes et nourrissez-les.

En adoptant la slow life, vous serez plus réceptif·ve, patient·e, réfléchi·e et mieux à même de choisir la qualité plutôt que la quantité. Vous établirez des liens réels et significatifs avec tout votre environnement.

Je finirais avec cette citation de Pico Iyer dans son livre « l’art d’être immobile »

« Dans une époque d'accélération, rien n'est plus excitant que d'aller lentement. Dans une époque de distractions, rien n'est plus précieux que de prêter attention. Dans une époque de perpétuel mouvement, rien n'est plus urgent que de rester immobile ».

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